Et si nous repensions la manière de faire grandir nos équipes ? Tout l’été, CapTalents vous invite à changer d’horizons avec des rencontres inspirantes.
Cette semaine, nous mettons le cap sur Jonathan Lobert, médaillé olympique en voile et coach de dirigeants. À travers son expérience du sport de haut niveau et son accompagnement des équipes et leaders, il nous montre comment repenser le collectif pour naviguer vers la performance.
Nous lui avons demandé :
CapTalents : Quel est l’impact du collectif dans un sport individuel comme la voile ?
Jonathan Lobert : Sur un bateau, je travaille avec un préparateur physique, un ingénieur, un entraîneur… chacun expert dans son domaine. La richesse vient des ponts entre ces expertises. Même dans un sport individuel, où un seul athlète représente son pays aux JO, le collectif reste essentiel. Tout au long de la sélection, il y a de nombreuses interactions avec l’équipe de France : on est adversaires et partenaires à la fois. Dans ce contexte concurrentiel, partager l’information peut sembler contre-intuitif, mais c’est fondamental. L’information est un pouvoir, comme en entreprise. Partager ses connaissances permet à tous de progresser.
CapTalents : En quelque sorte « partager, c’est gagner », cela peut sembler contradictoire ?
Jonathan Lobert : Au début, certains sont sceptiques. Mais se libérer de la peur de partager crée un cercle vertueux. Expliquer ce que l’on maîtrise pousse à analyser et challenger sa pratique. Chacun peut ensuite adapter les méthodes à son parcours. Le partage profite à tous : celui qui reçoit progresse, celui qui transmet aussi. Le savoir n’est pas comme de l’argent, il ne diminue pas quand on le partage, au contraire, il se multiplie.
CapTalents : Cela demande finalement de lâcher prise ?
Jonathan Lobert : Absolument. Même dans un sport où il faut toujours être le meilleur, il faut dépasser son ego et la croyance limitante selon laquelle l’information est un avantage à conserver. Faire progresser son partenaire permet aussi de se dépasser soi-même et d’innover. Cela peut faire peur, surtout lorsqu’on se bat pour une sélection aux JO, mais avoir une vision globale de l’objectif est essentiel.
CapTalents : Auriez-vous un exemple concret où le collectif a pris le dessus sur l’individuel ?
Jonathan Lobert : Pour la qualification aux JO de Londres, nous étions deux pour une seule place. Nous étions très proches en termes de performance, mais c’est finalement moi qui ai été sélectionné. Mon partenaire aurait pu jeter l’éponge, mais comme on avait créé une cohésion et une confiance mutuelle, il a continué à me soutenir. L’objectif global — décrocher une médaille pour la France — a pris le pas sur l’individuel. Mon partenaire d’entraînement a joué un rôle déterminant dans ma réussite. J’ai rappelé que je n’avais pas décroché seul la médaille. Mon partenaire a été reconnu comme un équipier modèle et a ensuite été approché par de nombreuses équipes professionnelles.
CapTalents : Comment cela se transpose en entreprise
Jonathan Lobert : J’ai accompagné un Directeur, excellent opérationnel, qui maîtrisait parfaitement son métier. Une fois promu au comité de direction, son rôle a changé : non plus faire lui-même, mais amener son équipe à bien faire. Il devait prendre du recul, soutenir et donner une direction claire. Au début, il restait dans sa zone de confort en voulant tout contrôler. Peu à peu, il a compris que son rôle était de faire grandir ses collaborateurs et de leur donner confiance. Ce changement de posture, d’expert à leader, a profondément transformé son management et renforcé la performance collective.
Jonathan Lobert intervient en entreprise et lors d’événements professionnels à travers des conférences, des workshops interactifs sur le leadership et la performance, ainsi qu’un team-building unique… à bord d’un voilier !
